Ce livre prend le XVIIIe siècle à contre–courant. S’il faut s’en souvenir comme celui de l’industrie émergente, la paresse en effet ne cesse d’être condamnée par les philosophes et l’économie nouvelle. Mais nous trouvons des marginaux de la poussée du capital et de la propagande de l’action, des souverains de la lenteur, d’une oisiveté capricieuse. Ils inversent l’accusation d’infamie, raturent la marque criminelle. Plusieurs écrivent ce livre de la paresse, résistent aux technologies de production et de normalisation: Pierre Carlet de Marivaux et son journaliste sans souci, Denis Diderot et son neveu musicien, Jean–Jacques Rousseau lui–même qui se réinvente un paresseux en quête de liberté; enfin Joseph Joubert qui, au tournant du siècle, compose la délectation du repos. Les Lumières se retournent pour nous révéler d’autres valeurs, au rebours des ambitions tapageuses et de la frénésie d’activité. Oublions Voltaire et cultivons notre paresse!